Ils l'ont fait !??

Et il y a de quoi être passablement furieux car 53,4% de 53,1% de 4 millions, ne fait toujours guère qu'environ 882 000 votants sur une population totale de l'Union qui avoisine les 500 millions d'habitants.

Alors, évidemment, si un vote européen avait eu lieu, il y aurait eu des endroits dans l'Union où celui-ci aurait été majoritaire mais l'avalanche de mensonges et d'intimidations n'aurait pas pu se produire comme cela a été le cas durant la campagne en Irlande, ces dernières semaines.

En attendant, les chefs d'Etat au sein du Conseil ont l'air de faire comme si et entendent accélérer le processus dans les derniers Etats-membres n'ayant pas encore déposé leurs instruments de ratification. Et ce faisant, ils continuent d'abimer l'image que se font les citoyens des institutions européennes. Incapables d'élaborer de façon transparente, incapables de vendre correctement le fruit de leurs tractations, les chefs d'Etats et de gouvernements semblent aujourd'hui également se dédouaner du résultat.

Alors quoi ? Refaire voter les Irlandais ? Abandonner la démocratisation des institutions et donc accepter d'avoir une règle commune (le Traité de Nice) qui ne permet pas de prendre des décisions ?
On le voit aucune réponse n'est satisfaisante. Dire comme le font certains : "c'est pas grave, on va développer des politiques qui répondent aux préoccupations des gens et puis on verra pour la réforme des institutions", c'est trompé son homme car tout aussitôt les mêmes buteront inexorablement sur  l'impossibilité de faire adopter leur orientation par un Conseil de l'UE où une minorité de blocage ridiculement faible pourra tout faire capoter. Ah, ils sont beaux les accords de Ioannina ! Ah, elle est belle cette "démocratie" consensuelle qui ne permet l'adoption d'une décision que si tout le monde est d'accord (ce qui en pratique n'arrive jamais !) ! Avec ce système, la moitié (50%+1 voix) des Maltais (qui sont 350.000 habitants) ou des Luxembourgeois (450.000 hab), très respectables au demeurant, peuvent bloquer une décision, un traité.

Est-ce vraiment cela la démocratie ? La dictature de la minorité ?

Comments

[pas perdus]

Puisque les peuples ne sont guère consultés sur la politique menée par l'UE, ils se saisissent parfois des questions institutionnelle pour montrer leur mécontentement.

L'UE c'est du bon, la paix, le rapprochement des peuples. Et du très mauvais : le néo-libéralisme et le dumping social. On a tendance à ne retenir que le dernier point, d'autant que la gauche européenne est très divisée.

[er.batt]

Bonjour,
je pense que le non est largement majoritaire pour le peuple européen, et ce n'est pas un hazard s'il n'y a pas eu de référendum...
un texte simple, court, sur le parlement, la présidence, un choix unique entre unanimité et majotité qualifié sur l'ensemble des dossiers et le vote serait probablement différant, et donnerait une réelle constitution européenne.

Un autre sujet:
- Le PSE doit clairement soutenir la gauche sud améicaine !

Bon courage à tous !

[Frédéric]

En économie, une situation dans laquelle rien ne bouge si l'un des agents (en l'occurence les Etats européens) se trouve lésé, on appel ça un optimum de Pareto. Forcément, cela peut entrainer des situations très injustes, mais personne ne peut se sentir lésé par rapport à la situation antérieure ce qui est un avantage dont le prix est l'immobilisme... Les petits Etats que tu cites auraient-ils accepté de rentrer dans une Union adoptant le principe majoritaire ?

Cela dit, une Europe qui rencontre l'opposition des populations qui en sont largement bénéficiaires, cela pose des questions profondes auxquelles il faut bien s'intéresser.

Peut-être es-tu trop pressé de construire ce que les peuples ne sont pas encore prêt à accepter. Peut-être nous reste-t-il 20 ans de traité de Nice à subir avant que les européens ne veuillent une Europe fédérale ?

[chourka]

Je dirai plutôt que tout dans le processus législatif au niveau européen est fait pour faciliter la non-prise de décision.

Mais, comme les médias ne relatent pas AU QUOTIDIEN, les projets de lois-cadre européennes ("directives"), les passes d'armes et les négociations au sein du Parlement européen, les citoyens ne voient que ce que l'on veut bien leur montrer : des chefs d'Etat et de gouvernement alignés en rang d'oignon avec une forêt de drapeaux nationaux et européens en fond de scène.

Le débat politique à l'échelon européen n'est malheureusement pas prêt de se nouer comme y aspire ceux qui aimeraient une sortie par le politique de la crise ouverte par le non irlandais.

[Jem]

Ce que tu avances, Chourka, est très intéressant d'un point de vue procédural. L'Europe a un problème de fonctionnement démocratique, ce qui est déjà le cas du Parlement face au Conseil, puisque le Conseil a un étrange pouvoir, qui dépend étrangement peu du peuple.

Néanmoins, encore heureux qu'un grain de sable peut faire capoter le tout ! La concentration des pouvoirs m'indispose franchement, je n'avale pas la pilule. Il est déjà assez troublant qu'1 seul président ou qu'une seule assemblée (aussi représentatifs soient-ils) décide pour 70.000.000 de personnes.

Les minorités sont innombrables, et pour cela la majorité devrait imposer sa tyrannie ?

Une bonne lecture d'Alexis de Tocqueville sur la Démocratie en Amérique fait beaucoup de bien.

Amicalement