Et si...
Et si, jeudi 12 juin, les Irlandais commettaient l'irréparable ? Lorsque l'on est attaché à un objet politique, on a toujours un peu de mal à se figurer que celui-ci ne se réalise pas. Pourtant, les signes qui indiquent que les électeurs irlandais s'apprêtent à rejeter la ratification du Traité de Lisbonne sont là pour rappeler quand politique, malheureusement, tout est possible. Même le cauchemar.
Pour obtenir le suffrages d'une majorité, les tenants hétérogènes du vote "non" français et néerlandais en 2005, avaient mis en avant l'existence d'un Plan B.
Ceux des fédéralistes —c'est-à-dire attachés à une intégration plus poussées de l'Union— qui ont mêlé leur voix aux nationalistes, en sont restés amèrement pour leur frais.
La renégociation du Traité constituant, celui-là même qu'ils rejetaient parce que "pas assez démocratique" ou "trop libéral" c'est faite au final derrière des portes closes, au sein d'un Conseil européen et du Conseil de l'Union bien à l'écart de toute oreille indiscrète et de toute ONG un peu curieuse.
Après deux ans d'un profond sommeil, la signature à Lisbonne d'un nouveau traité a relancé très timidement le processus. Un traité où, rappelons-le au passage, l'Union européenne n'a plus de drapeau, plus d'hymne, plus de jour commémoratif.
Mais, le Traité de Lisbonne a un mérite : celui justement de montrer que l'Union européenne n'arrive pas à fonctionner avec le détestable Traité de Nice et qu'il faut un mode de fonctionnement plus efficace et plus ouvert.
Et bien, même cela risque de ne pas voir le jour. Si une majorité d'Irlandais (moins de 0,5% de la population totale de l'Union) rejette la ratification, alors non seulement nous aurons la crise financière des subprimes, non seulement nous aurons la crise alimentaire dans les pays pauvres, non seulement nous aurons l'envolée incontrôlée du prix des matières premières, mais en plus nous nous offrons le luxe d'une crise politique majeure.
Il est grand temps pour les fédéralistes et pour les socialistes de sonner le tocsin ! Il est grand temps d'investir le forum. Il est temps de dire haut et fort, en particulier au monde du travail, aux chômeurs, aux salariés, aux ouvriers, que pour protéger nos droits et les faire progresser encore davantage, nous avons besoin d'une Europe unie. Parce que c'est unis que nous saurons faire face aux dérèglements du monde.