Un peu de politique intérieure...
DISCOURS de MARTINE AUBRY à la MUTUALITE - Mardi 25 novembre 2008
« Le Parti socialiste est de retour »
Chers camarades, j’ai d’abord un seul mot à vous dire : merci.
Le second va immédiatement à Ségolène pour lui dire : on va, ensemble, gagner pour les Français, j’en suis convaincue.
C’est bien sûr avec à la fois beaucoup d’émotion et de gravité que je reçois la responsabilité que vous me confiez aujourd’hui en pensant d’abord aux femmes. Aux femmes qui se sont battues avant nous pour qu’existe une parité en politique : après que Ségolène ait été la première femme en France candidate à la présidence de la République, je suis fière au nom de toutes les femmes qui se sont battues d’être la première femme Première secrétaire du Parti socialiste.
Je voudrais dire aussi que je sens une
responsabilité lourde, mais cette responsabilité lourde, je ne
peux l’accepter que parce que vous êtes là vous les quelque
200 000 militants du Parti socialiste.
Cette responsabilité de premier secrétaire a été
tenue par des hommes et des femmes éminents, François
Mitterrand, Pierre Mauroy -que chacun comprendra que je salue
particulièrement-, Lionel Jospin, Michel Rocard, Laurent Fabius, que je
salue, Henri Emmanuelli aussi et bien sûr toi, François, à
qui je pense tout particulièrement ce soir.
Je voudrais d’abord m’adresser aux
militants. Aux militants parce que, dans ce congrès, jour après
jour, soir après soir j’en ai rencontrés beaucoup, et que
tous se sont battus pour ce qu’ils croient profondément, pour les
valeurs du socialisme, pour la conviction qu’ils ont que ce qu’ils
proposaient étaient les bonnes réponses pour les
Français.
Je crois que nous avons su débattre et discuter à la hauteur
de ce qu’est notre parti, un immense parti démocratique.
Alors, on peut rire, on peut se moquer de nos débats, de nos
discussions mais j’ai envie de dire à la droite : riez encore
quelques jours car dès la semaine prochaine le Parti socialiste est de
retour dans les rues, et avec des propositions. Et uni.
Je voudrais dire à tous les militants : bravo
pour ce travail. Je voudrais dire à Ségolène et à
ses amis -dont je comprends aujourd’hui la réaction tout à
fait naturelle - que nous avons tous défendu ce que nous croyons
juste.
Je crois que si nous voulons changer ce parti, il faut d’abord que
nous acceptions cela. Accepter que, dans un grand parti démocratique,
nous puissions penser différemment en nous respectant et j’irai
même plus loin, penser différemment en nous faisant confiance, en
pensant que, en chacun d’entre nous, il n’y a qu’un seul
souci, servir les Français et pour servir les Français, servir
le Parti socialiste.
Si nous arrivons dans les jours, dans les mois qui viennent, à donner
des signes concrets que cette unité du parti et de l’ensemble des
militants est possible, ce congrès de Reims restera comme un
congrès qui aura permis à notre parti, de changer
profondément à un moment où le monde a changé et
où les militants nous ont demandé de changer profondément
et de nous renouveler.
Voilà un peu l’état d’esprit qui est le mien.
Les conditions dans lesquelles le vote a eu lieu et
les résultats extrêmement serrés qui en découlent
ne me donnent que des devoirs. Le premier devoir qui est le mien, c’est,
si elle l’accepte, de rencontrer Ségolène. J’ai
entendu, comme elle, ce que nous ont dit les militants à Reims et
derrière les militants ce que nous ont dit les Français :
« nous voulons retrouver la politique et la gauche, nous voulons un
Parti socialiste qui nous défende alors que nous n’avons
même plus le courage de nous battre car on a l’impression que nos
voix ne sont plus entendues par les pouvoirs en place ». Oui, nous
allons revenir avec les valeurs qui sont les nôtres, mais aussi avec les
réponses d’aujourd’hui, ce qui nécessite beaucoup de
travail. Puis, ils nous ont dit : « il faut renouveler
profondément le Parti socialiste, ses pratiques, son fonctionnement
». Les voix qui se sont portées sur Ségolène comme
d’ailleurs sur Benoît Hamon sont aussi des voix qui nous ont dit
profondément que certains portaient plus que d’autres le
renouvellement.
J’ai intégré cela depuis le premier vote des
militants.
Notre prochain Conseil national sera sans doute
fixé au samedi 6 décembre. Une ligne politique a
été arrêtée avec une majorité lors du
congrès, mais que, au-delà de cette ligne politique,
ancrée à gauche, qui nous impose d’être sur tous les
terrains pour défendre les Français, pour défendre les
Français qui sont inquiets devant les licenciements qui arrivent, pour
défendre les Français qui perdent en pouvoir d’achat, pour
défendre les services publics qui sont le patrimoine de ceux qui
n’en ont pas, pour être capable dès le week-end prochain
d’être auprès de nos camarades des partis socialistes et
socio démocrates européens pour changer l’Europe pour un
autre monde, d’être capable effectivement d’être sur
ce terrain-là et d’y travailler dans une ligne politique
ancrée à gauche, il faudra aussi profondément nous
renouveler.
Il faut véritablement que, dans les équipes que nous allons
constituer, il y ait des changements profonds, il faut renverser la table :
bien sûr de nouveaux visages, des hommes et des femmes de tous les
territoires et de toutes les cultures aux couleurs de la France, une
parité absolue dans toutes nos instances ; mais aussi il nous faut
aussi renouveler nos attitudes, nos comportements, nous rouvrir sur la
société, nous rouvrir vers des hommes et des femmes qui ont
envie de construire un projet de gauche face à cette loi du plus fort
que nous impose le libéralisme, face à cette puissance du
financier par rapport à l’économie, face à ces
inégalités qui s’accroissent dans notre pays et dans le
monde.
Il faut faire appel à eux, il faut le dire, le Parti socialiste est à nouveau ouvert pour travailler avec vous, pour évidemment un projet porté aux Français, mais aussi porté aux Européens pour un autre monde.
Mon devoir dans les heures qui viennent, c’est
de faire en sorte que, sur une ligne qui est celle que les militants ont
choisi au congrès, nous soyons capables d’être unis dans un
mode de fonctionnement que je vous proposerai, où les élus
trouveront toute leur place. Car rien n’est plus étonnant
aujourd’hui de voir combien les Français nous font confiance,
là où nous sommes et parfois même nous plébiscitent
dans nos villes, dans nos départements et dans nos régions et de
dire que nous n’utilisons pas cette force extraordinaire des élus
et des militants pour construire le projet de demain et là aussi il
nous faudra changer nos pratiques.
Nous avons par ailleurs des députés et des sénateurs
qui se battent sur le front contre les lois de Sarkozy et même contre
les amendements qui arrivent nuitamment pour pousser la retraite à 70
ans. Ces coups-là, nous devons les préparer, il faut que nos
parlementaires soient au sein du Parti, il faut que nous débattions
avec les présidents des 2 groupes parlementaires, il faut que nous
soyons unis pour combattre la droite, mais aussi pour contre-proposer car
c’est aussi cela qu’attendent les Français.
Tous les jours on nous annonce un cadeau fiscal pour
les plus riches, tous les jours nous apprenons un recul dans le domaine
social, que ce soit à la Poste, dans l’audiovisuel, la retraite
à 70 ans, le développement du contrat à durée
déterminée… Dans nos collectivités locales nous
avons à nous battre contre la restriction des crédits et surtout
pour accompagner tous ceux qui vivent actuellement des licenciements ou qui
vont en vivre.
Nous avons donc le devoir d’être ensemble par rapport à
cette situation et de nous mettre au travail pour que, dans deux ans, nous
soyons capables d’avoir le projet qui permettra à celui ou
à celle qui alors sera choisi de représenter nos couleurs.
Je veux une équipe unie où toutes les sensibilités se sentent bien. L’équipe unie ne veut pas dire que l’on oublie ses fidélités, je ne demande à chacun non pas d’oublier ce qu’il est, ce à quoi il croit, la personne à laquelle il est attaché et c’est cela aussi la politique des liens d’affection, de fidélité qui se nouent, je demande à chacun de dire d’abord : nous sommes tous socialistes nous voulons porter en avant notre parti pour que les Français à nouveau aient l’espoir.
Nous avons une feuille de route collective, dès demain, à mettre en place : rassemblement, renouvellement profond, et travail.
Nous allons le faire ensemble pour incarner à
nouveau l’espoir. Nous devons être à la hauteur. Je sais
qu’il faudra beaucoup de courage et de ténacité mais je
sais que chacun d’entre vous pensez actuellement aux militants et aux
Français qui voient ce qui se passe depuis quelques jours dans notre
parti et se lamentent.
C’est en pensant à eux et en pensant à tous les
militants que je dis: rassemblons-nous, unissons-nous autour d’une ligne
de gauche, celle que nous avons voulue lors de notre congrès, mais
aussi autour d’un profond renouvellement qui fera que le Parti
socialiste, si j’osais, s’appelle le nouveau Parti socialiste ; en
tout cas qu’il garde l’essentiel, les valeurs de
solidarité, d’égalité et de fraternité
qu’il a toujours défendues.
Retrouvez le site de Martine Aubry sur www.martine-aubry.fr