Forum Progressiste Mondial
On connaissait la traditionnelle gadoue de la Fête de l'Huma. Et bien, ce même week-end, la Fête de l'Unita -son homologue italien qui célébrait cette année ses 60 ans- n'a rien eu à lui envier. Ainsi, c'est sous un ciel chargé, alternant orages violents et soleil estival, que s'est tenu à Milan les 9 et 10 septembre le Global Progressive Forum - Forum Pogressiste Mondial.
L'objectif ambitieux de cette 2ème édition a été -à travers 9 ateliers et 4 plénières- de porter un diagnostic et d'établir des pistes pour lutter contre la pauvreté dans le monde et particulièrement en Afrique. Comment réorienter les politiques désastreuses conduites dans le cadre du FMI ou de la Banque Mondiale ? Comment remettre de la démocratie dans les décisions prises au nom des citoyens au sein des organisations intergouvernementales ? Quels peuvent être les instruments et surtout le calendrier pour arriver à l'objectif de 0,7% du PIB des pays riches au profit de l'aide publique au développement ? Le commerce n'est-il pas plus efficace que la charité institutionnelle sachant qu'un point en matière d'exportation correspond à la totalité de l'APD ?
Loin de Porto-Alegre et de la désunion des organisations
non-gouvernementales qui jouent les fiers-à-bras au cours des réunions
du Forum Social Mondial, l'atmosphère à Milan était au dialogue constructif, à la
réflexion collective, au chiffrage et à l'élaboration de calendriers.
La diversité des participants, la qualité et l'origine géographique,
économique et sociale des intervenants ont permis cette écoute et ce
dialogue réussis.
Le contraste avec la violence des propos, les
invectives qui semblent malheureusement caractériser tout ce que
l'extrême-gauche entreprend était saisissant. Non pas que de choses
fortes n'aient pas été dites. Au contraire, des interpellations sur la
situation désespérée des agriculteurs africains, sur la famine qui
sévit au Niger, sur la pandémie du SIDA sur le continent noir et
ailleurs, ont été au coeur même des débats. La régulation du commerce
mondial à travers des mécanismes plus contraignants au sein de l'OMC,
des politiques publiques pour accompagner l'ouverture des marchés
-lorsque ceux-ci ont lieu- ont fait partie des revendications en plus
d'une révision drastique de la Politique Agricole Commune (PAC).
La
social-démocratie, plus soucieuse d'efficacité que de gesticulations,
plus concentrée sur l'action concrète que sur les utopies, est plus
respectueuse du dialogue et de la parole de l'autre.
Pouvoir discuter avec Pascal Lamy, nouveau directeur de l'Organisation Mondial du Commerce (OMC), échanger des commentaires avec George Papandréou sur le désormais célèbre essai "The European Dream" de Jeremy Rifkin, trouver que l'ancienne ministre de la Culture du Mali et écrivaine, Aminata Traoré, ou que la chercheuse sud-africaine, Dot Keet, sont parfois excessives dans leurs interventions, voilà ce qui a été rendu possible par le Forum Pogressiste Mondial. Lionel Jospin aurait parlé d'"invention du possible" et ni Massimo d'Alema, ni Piero Fassino pas plus que Romano Prodi ne l'auraient contredit, eux qui ont fait du devoir de cohérence la vertu cardinale de leur opposition résolue à la politique de casse sociale du gouvernement de Silvio Berlusconi et l'instrument de la reconquête de la Gauche pour les élections de 2006.
On notera que les représentants du PS français se sont vu réserver une place de choix. Que ce soit Kader Arif, Harlem Désir ou Bernard Soulage dans l'animation des ateliers ou Dominique Strauss-Kahn et Pascal Lamy en qualité d'intervenants, tous, se sont taillés un solide succès, notamment le "développement solidaire" déjà exposé dans les pages Rebonds du quotidien Libération.