L'hommage de Le Pen
Par ses éructations contre les "étrangers" qui interviennent dans le cadre de la campagne référendaire, M. Le Pen ne mesure pas à quel point il rend hommage indirectement au processus d'unification politique en Europe.
Oui, les syndicalistes allemands ;
Oui, les hommes politiques italiens ;
Oui, le Président socialiste du Portugal Jorge Sampaio ou le Chancelier social-démocrate Gerhard Schröder (et bien d'autres encore comme le Vert allemand Joschka Fischer) ont parfaitement leur place dans la campagne pour l'adoption du Traité. Car, si le vote est encore malheureusement national, le débat, lui, est depuis longtemps un débat EUROPEEN sur un document EUROPEEN.
Oui, les députés lituaniens, hongrois, slovènes, italiens et grecs et le peuple espagnol ont le droit de s'inviter dans la campagne car le projet de Traité établissant une Constitution pour l'Europe est aussi leur Traité.
Je suis content, heureux même, de savoir que mon Europe n'est pas la sienne, que l'Union européenne qui sortira renforcée car plus sociale et plus démocratique donne de l'urticaire à tous les nationalistes, à tous les intégristes, à tous les extrêmistes !
L'Union européenne est passionante parce que la modération, le dialogue, la confrontation douce sont au coeur de la méthode communautaire. Jean Monnet le 9 mai 1950 avait raison : ce ne sont pas des Etats que nous coalisons, ce sont des Hommes que nous unissons.
Plus que jamais, l'adoption du Traité est nécessaire car, à l'heure des commémorations de l'indicible et de la célébration de la victoire sur le nazisme et le fascisme, le souvenir de la parole mitterrandienne sur "le nationalisme, c'est la guerre" doit nous habiter.