Occupez-vous de vos oignons !

Les 1er et 2 novembre, il va se produire deux événements importants.
L'un nous concerne au premier plan et engage notre avenir pour les 5 prochaines années, le second est plus lointain et indirect.
En effet, c'est le 1er novembre que la future Commission européenne entrera en fonction. Et, le lendemain aura lieu l'élection présidentielle étatsunienne.
Or, il y a une chose particulièrement étonnante à la télévision ces derniers jours. Tandis que rien n'est fait sur les chaînes nationales pour rendre compte des auditions -qui se déroulent actuellement- des Commissaires européens par le Parlement, France 2 s'apprête, en revanche, à diffuser "en direct", en "LIVE" avec l'accent américain si possible, les 3 débats qui vont se tenir entre Bush et Kerry à grand renfort de publicité pendant et en dehors de ces journaux télévisés.

Que Neelie KROES, la Commissaire désignée à la Concurrence, se soit fait totalement éreintée par le Parlement, que son audition se soit mal passée pour elle, que des doutes sérieux se posent quant à son intégrité morale dans le traitement de questions économiques dans le passé, laissent les médias de glace.

Par contre, il est absolument primordial de diffuser en bonne place dans le journal les images du studio, encore en travaux, où va se tenir le débat entre "John" et "George W.". L'affrontement est présenté comme un rendez-vous incontournable pour l'ensemble du genre humain. Car, oui, l'humanité, toute l'humanité est conviée à se passionner pour l'élection outre-atlantique. Serions-nous tous devenus des citoyens des Etats-Unis d'Amérique ?

Et là, on ne peut que légitimement se poser la question de savoir à quoi jouent les médias de masse. Comment se fait-il qu'il y ait une telle dérive ? Est-ce que ce serait un problème de langue ? Un problème de disponibilité des images ou alors d'éloignement ? Et bien, non, puisque les auditions sont diffusées en direct dans les 19 langues de l'Union et les reportages sont disponibles sur le site d'EbS-Europe by Satellite. Ce n'est même pas une question de coût car pour le prix d'un billet d'avion à Washigton, on peut quasiment envoyer une équipe à Bruxelles. Paradoxal, non ?