La musique adoucit les moeurs
Vu sur le site d'ARTE, "Zusammenklang – Harmonie
" est une variation libre d'Armin Hempel sur l’hymne européen.
Un exercice très réussi qui plaît tant par son interprétation joyeuse que pour ses motivations.
Pour
alimenter le projet Europe sur ARTE, l’idée m’est venue de composer,
sur un ton (si possible humoristique) un morceau de musique de trois
minutes environ, comportant des éléments typiquement français et
d’autres typiquement allemands, et basé sur l’hymne européen.
En quoi peut-on dire que des éléments musicaux sont français ou
allemands ? J’ai repris des hymnes nationaux qu’il ne faut pas
forcément considérer, à mon avis, comme une allusion à Stockhausen, un
compositeur typiquement allemand, et j’ai également travaillé avec des
échantillons sonores de la Symphonie n° 9 de Beethoven, notamment avec
des fragments du chœur final. L'échantillonnage ou sampling est le
processus de numérisation du signal acoustique, qui prend ses racines
dans la musique concrète française. Les morceaux de musique sont
enregistrés, puis restitués avec quelques changements (répétitions,
passages plus rapides, ou plus lents, ou plus aigus, ou plus bas).
L’instrumentation intègre elle aussi les identités nationales.
L’accordéon est considéré – du moins en Allemagne – comme un instrument
de musique typiquement « français » tandis que, sous l’influence de
Bach et de Beethoven, le piano est, lui, typiquement « allemand ». Il
est toutefois dommage que l’accordéon ait été inventé par un Autrichien
et le piano-forte par un Italien. Quoi qu’il en soit, l’instrumentation
conserve un caractère très européen...
Sur un plan musical, le morceau « Zusammenklang – Harmonie » est
divisé en trois parties. La première est un mix de chansons et de
Volkslieder, la « voix » du piano faisant des variations sur le thème
Götterfunken (Etincelle, Oh ! Joie divine), et l’accordéon évoque avec
entrain les hymnes nationaux.
La deuxième partie s’inspire de « Doin it to death » de James
Brown. Cela rappelle les jam-sessions de jazz où les musiciens
parviennent, en improvisant, à unifier leur jeu. Je trouvais la
démarche légitime, puisque l’Europe, ou plutôt l’Union européenne, est
en plein processus de (ré-)unification. Du reste, les passages de la
basse sont directement empruntés à l’hymne européen, mais ils sont
chantés sur un autre rythme.
Dans la troisième partie, je pose les chœurs de Beethoven,
légèrement modifiés, sur le rythme soul, pour essayer de révéler une
unité géographique et historique.
Texte: Armin Hempel
Ecouter "Zusammenklang-Harmonie"